Race, classe et genre : l’intersectionalité, entre réalité sociale et limites politiques

Posted: Giugno 25th, 2013 | Author: | Filed under: anthropos, au-delà, donnewomenfemmes, epistemes & società, psichè, vita quotidiana | Commenti disabilitati su Race, classe et genre : l’intersectionalité, entre réalité sociale et limites politiques

par Houria Bouteldja, membre du PIR

mutante

Cette intervention dans son intégralité a été présentée pour la première fois à l’université de Berkeley le 17 avril 2013, au département d’études ethniques, une seconde fois, le 8 juin 2013 au sein du Réseau de Travail 24 de l’Association Française de Sociologie (AFS) “Genre, classe, race. Rapports sociaux et construction de l’altérité” et une troisième fois dans le cadre de l’école d’été de Grenade consacrée à la pensée critique islamique et aux luttes décoloniales, le 21 juin 2013. Une précision cependant : une partie de cette communication a été présentée au 6ème congrès international de recherches féministes à Lausanne en août 2012.

la rédaction

Je voudrais remercier l’université de Berkeley et en particulier le département d’études ethniques pour cette invitation qui me fait honneur.

Avant d’aborder cette notion d’intersectionalité, je voudrais clarifier un point. Je ne parle pas ici à partir d’un point de vue culturaliste, religieux ou identitaire. Je parle d’un point de vue matérialiste et décolonial. J’insiste sur ce point, car en France, exprimer un point de vue critique de l’universalisme blanc est immédiatement interprété comme culturaliste, particulariste. Pour illustrer ce propos, voici un exemple qu’on m’a rapporté récemment : Eric Fassin, sociologue engagé qui travaille sur la politisation des questions sexuelles et raciales (et que certains connaissent ici à Berkeley), a déclaré lors d’une journée d’étude « Au-delà du mariage » consacrée à l’égalité des droits et à la critique des normes que mon intervention dans le débat [1] (consacrée entre autres à l’intersectionalité) me classait de facto dans la catégorie des « culturalistes » au même titre que les homonationalistes. Cette classification qui est à la fois une accusation et une condamnation me fait sourire du fait de sa superficialité et son indigence car le caractère matérialiste de nos interventions sur ce sujet est très clair pour qui veut prendre la peine de nous lire attentivement. En effet, notre propos est d’élaborer un projet politique à partir de la condition concrète et matérielle des indigènes pas à partir d’une quelconque idéologie. Aussi, je ne peux pas m’empêcher de penser que les accusations péremptoires de Fassin et de tant d’autres sont une expression manifeste de la résistance blanche et ou de cette incapacité à se dé-eurocentrer. Je ne saurais trop leur conseiller de (re)découvrir leur propre littérature politique et notamment Foucault qui le premier a fait la distinction entre « identité (homo)sexuelle » et « pratiques (homo)sexuelles ». Mais mieux que Foucault, il y a les penseurs, militants décoloniaux des suds qui non seulement « peuvent parler », penser…mais aussi instruire.

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